La sanglante marche d’Adnane Abou El Walid Sahraoui

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Par Isselmou Salihi

Lehbib Abdi ou El Idrissi Lehbih ou Adnane Abou El Walid né dans les années 70 est un Sahraoui de la Tribu des Rgueybatt arabe-hassanophone. Il a passé son enfance et son adolescence à Laayoune (Maroc). Il s’est installé en Algérie au début des années 90, fréquente  l’Université de Constantine avant de militer au sein du Front Polisario. Où a-t-il embrassé le jihadisme ? Sa présence est signalée dans les Katibas du nord-Mali au sein d’Al-Moultahmoune du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en 2006 et de  Taregh ibn Ziyad d’AlQaida au Maghreb Islamique (AQMI) en 2009.

Abou Walid est co-fondateur en 2011  au Mali, du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’ouest (Mujao) avec Hamada Mohamed Kheirou (tué en 2017 en Libye) et Ahmed Tilemsi (tué en décembre  2014 au Mali). Il en fut le porte-parole et un des acteurs de l’occupation des grandes villes du nord-Mali en 2012 (Gao), puis de la fusion en 2013 au sein d’Al-Mourabitoun  de plusieurs organisations : (Al-Moulathamoune, les Signataires par le sang et le Mujao).

En mai 2015, il s’empare d’Al-Mourabitoun dont il n’est que président du Conseil consultatif et prête, en  son nom, allégeance, à l’Etat Islamique de l’Irak et du Levant (EI). Allégeance contestée par Mokhtar Belmokhtar le véritable chef d’Al-Mourabitoun à partir de son exil libyen. Désavoué, Abou El Walid, ne désarme pas et fonde peu après, l’Organisation de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (OEIGS) qui concentre  ses actions depuis lors, aux frontières communes du Mali, du Burkina et du Niger.

Voici un bref résumé de la sanglante marche d’Adnane Abou Al Walid de son émergence avec le MUJAO jusqu’à son aventure avec l’OEIGS :

I- Les actions attribuées à Adnane Abou Al Walid avec le  MUJAO

L’enlèvement en octobre 2011 de trois  humanitaires européens à Tindouf (Algérie octobre 2011)

L’enlèvement d’un gendarme mauritanien à Adel Begrou (-Mauritanie- Décembre 2011)

L’attentat de Tamanrasset (Algérie-Mars 2012)

L’enlèvement des diplomates algériens à Gao (Mali- Avril 2012)

L’annonce de l’exécution de Taher Touati, vice-consul algérien à Gao par suite du refus de l’Algérie de libérer «Abu Ishak», un dirigeant d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) capturé en août 2012  à Gardaia par l’armée algérienne (Septembre 2012).

L’enlèvement du français  Gilberto Rodriguez Leal, à Diéma, à l’est de Kayes, ville proche des frontières du Sénégal et de la Mauritanie (25 novembre 2012).

La revendication du premier attentat à Tombouctou après le déclenchement de l’opération Serval (mars 2013).

Président du Conseil consultatif d’Al-Mourabitoun après  la fusion annoncée en août 2013, mais qui était déjà réelle bien avant,  Abou El Walid a donc certainement une part de responsabilité dans les attentats d’Agadez et d’Arlit (Niger – mai 2013).

Responsable du premier enlèvement d’un Occidental au Burkina (avril 2015)

L’implication dans plusieurs attaques en territoire malien  contre les Forces armées maliennes et étrangères.

II-  Le nouveau cap avec l’OEIGS

Installé depuis 2015 le long de la frontière nigéro-malienne,  Abou El Walid a pris une épouse au sein de la communauté peule avec laquelle  il a développé des affinités qui se traduisent en termes de recrutement et de soutiens multiformes à celle-ci face à  des communautés touarègues.

Responsable de plusieurs enlèvements et d’attaques dans la zone des trois frontières (Mali-Niger-Burkina) dont la meurtrière embuscade de Tonga Tonga (Niger-octobre 2017).

Abou El Walid  disposerait d’un PC dans la forêt de “Konobi” située au nord de Akabar et  de 20 bases, le long de la frontière Niger-Mali avec une trentaine de combattants dans chacune de ces bases où il y aurait des éléments de Boko haram venus lui prêter main forte.

Ses bases seraient dirigées par des combattants peuls et arabes: Petit tchapore, Boureima Bello, Issa Barey, Adamou Modallo, Bouba Bouzou, Sodje Tchano, Dondou Chefou,  Hamed (arabe), Salma (arabe).

Un arabe du nom de Ahmed serait l’adjoint à Abou El Walid.

Salma et Hamed assurent l’intérim d’Abou El Walid en son absence même si des noms comme Elkaray et Abdoulatif sont cités  comme étant les chefs militaires de l’organisation.

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